LA LUTTE ANTI MAFIAS initiative citoyenne et exigence démocratique

« La criminalité organisée est aujourd’hui l’un des plus graves fléaux auquel est confronté l’ensemble de l’Humanité.

Elle représente une menace très sérieuse aux fondements même des sociétés démocratiques. Le crime organisé associé aux divers trafics (drogues, armes, êtres humains…) et au blanchiment de l’argent sale contrôle des pays entiers et de vastes régions du monde. Il développe des activités à l’échelle mondiale avec une dimension financière colossale et détient un pouvoir économique et politique dont nous ne voyons que la partie visible de l’iceberg. »

Ce constat terrifiant n’est pas d’aujourd’hui. Il a été fait en 1998 à Lisbonne lors d’une conférence internationale sur le blanchiment par le Portugais Antonio Filipe, vice président de la commission parlementaire sur la mafia.

Depuis, dans des pays comme la France, les commissions parlementaires sont en sommeil, « l’Empire du Bien » a décrété la lutte contre le terrorisme, priorité des priorités, les politiques néo-libérales - déréglementations, privatisations des services publics, développement des « zones franches » et des places off-shore, libre circulation des capitaux, précarité et flexibilité de l’emploi…- ont fait des « ponts d’or » au crime organisé : plus de 1000 milliards de dollars de chiffre d’affaire soit 4% du PIB mondial dont la moitié pour le trafic de stupéfiants selon un rapport de l’ONU. Les profits du trafic de drogue représentent 1,8% du commerce mondial, 4,2% en Europe !

Pendant ce temps, nos voisins italiens font l’apprentissage - au quotidien et dans le concret- de la lutte anti mafias. Face aux implacables Cosa Nostra, Camora, N’Dranguetta, et autres Sacra Corona Unita, les Italiens ont su créer des formes de riposte à plusieurs niveaux : législatif, judiciaire, et de la société civile.

Ils ont compris, comme l’ont si bien expliqué le procureur général de Turin Giancarlo Caselli et l’enseignante Jole Garuti du mouvement d’éducation civique Libéra, que « plus il y a de légalité et de justice sociale, moins il y de mafias ». Pour eux, l’anti mafia c’est la réappropriation de la légalité et l’exercice de la citoyenneté. Ainsi par exemple, la forte pression de l’opinion publique après les assassinats en 1993 des juges Falcone et Borsellino a permis d’obtenir une loi pour la confiscation des biens des boss mafieux et leur affectation à des actions d’intérêt collectif (centres sociaux, culturels, coopératives…)

Bien au delà d’actions ponctuelles, les actions civiques et éducatives des anti-mafieux italiens s’inscrivent dans la durée, à l’intérieur de la société, surtout lorsqu’elles font le lien avec les autres inévitables combats : pour la défense des services publics, pour l’égalité, pour la démocratie et pour la paix.

Ce sont les principales conclusions du colloque de Bastia des 2 et 3 octobre dernier (dont les Actes seront édités) et c’est tout le sens de la caravane anti mafias que le FTM et ses partenaires ont accueilli 4 jours durant et qu’il comptent bien retrouver plus longtemps en 2005 pour une nouvelle et impérative aventure.

Latifa Madani (FTM)

 

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