Colloque International de Tanger
" ENFANCE ET VIOLENCES EN MEDITERRANÉE "
INSTITUT INTERNATIONAL SUPERIEUR
du TOURISME 6 au 8 septembre 2001
Il a réuni cent trente participants
de huit pays méditerranéens: Algérie, Espagne, France,
Irak, Italie, Maroc, Palestine, Tunisie.
Les travaux se sont déroulés en plénière et en
ateliers, en arabe et en français.
Ils ont été enregistrés intégralement et filmés
partiellement en vue de publication et d'édition multimédia.
Enfance et violences: ce thème qui s'est inscrit alors dans la démarche
du Sommet Mondial de l Enfance organisé par l ONU en octobre
2001, est aujourd hui essentiel pour toute société qui
se préoccupe de son devenir.
La rencontre de Tanger a été véritablement pluridisciplinaire.
Elle a réuni chercheurs et praticiens, associations et institutions.
Ce qui permis de croiser la réflexion à partir des recherches,
des expériences, des solutions préconisées entre les
pays des deux rives de la Méditerranée.
Parce que les formes de violence, et leurs effets, sont indissociables et
que la problématique de l enfance renvoie tant à celles
du développement que de la citoyenneté, c'est l'approche transversale
qui a été choisie de manière à cerner les enjeux
de société et de civilisation et de confronter conceptions théoriques
et expériences de terrain, avec pour finalité la protection
de l enfant, son intégrité et ses droits.
Ce fut un véritable défi pour une association française,
le FTM, d'organiser pour la première fois en partenariat avec l'Espace
Associatif de Rabat (Maroc) un événement d'une telle ampleur
hors de France.
Le pari a été réussi.
Ce succès a permis, comme prévu, d'aller au delà de l'opportunité
de l'Année internationale de l'enfance et de poursuivre dans des actions
conjointes de coopération décentralisée les riches échanges
et réflexions des débats de Tanger.
En effet, le dossier de l enfance et des violences qu elle subit,
les travaux l ont confirmé, est un vaste chantier qui exige une
action déterminée et la convergence des solidarités en
Méditerranée.
Organisateurs:
Festival TransMéditerranée (FTM- France), Espace Associatif
(Maroc)
Initiateurs :
Festival TransMéditerranée, Revue « La Pensée »,
Université Louis Pasteur de Strasbourg (France), Espace Associatif
et Association Bayti (Maroc)
Soutiens: Conseil régional Provence-Alpes
Côte d'Azur (France)
Concours et parrainages: Ministère de
la condition de la Femme, la protection de la famille et de l'Enfance et de
l'intégration des Handicapés et Ministère chargé
des Droits de l' Homme (Maroc)
De gauche à droite : Dr Houria SAHLI - Leïla RHIWI - Antoine CASANOVA -Paul EUZIERE - Saâd BENKIRANE
PROGRAMME:
Jeudi 6 septembre
15h00 - Séance d ouverture / Présidence : Leïla
RHIWI, présidente Espace Associatif
Allocutions de Saâd BENKIRANE, Espace Associatif et
Paul EUZIERE, Président Festival TransMéditerranée
15h30- Discours de Mme Nouzha CHEKROUNI, Ministre de la condition
de la Femme, de protection de la famille et de l Enfance et de l intégration
des Handicapés
16h15- Présidence de séance : Françoise HURSTEL,
Psychanalyste, Université Louis Pasteur de Strasbourg et Othman
MAKHON, Association Marocaine pour l Education de la Jeunesse
16h30 - Introduction générale : Antoine CASANOVA
(Historien, Directeur de « La Pensée »)
17h00 - Plénière I : "
Enfants au travail" exposé
de Bernard SCHLEMMER, Institut de Recherche pour le Développement
17h30 - Discussion
17h45 - Ateliers
Atelier 1 / " Les enfants travailleurs
et la violence"
Atelier 2 / " L'état d'application
des conventions internationales et leurs limites "
Des débats animés .... Antoine CASANOVA - Hayat ZIRARI - Dr Najat M'JID
Vendredi 7 septembre
9h00 - Présidence de séance : Amina BARGACH,
Présidente del' AMRTF et Antoine CASANOVA
Plénière II :
"Enfants sans droits. Droits des enfants"
" Enfants en situation de rue
- Exposé de Najat M JID, présidente de
BAYTI (Maroc)
" Aspects Juridiques et Institutionnels
de la protection des enfants -
Exposés de Livia POMODORO, Présidente
du Tribunal des mineurs de Milan (Italie) et Mehdi LAHLOU,
universitaire INSEA Rabat
10h45 - Projection vidéo sur la scolarisation des filles en milieu
rural
10h50 - Discussion
11h45 Ateliers
Atelier 1 / " Exploitation
sexuelle des enfants "
Atelier 2 / " Enfants seuls
" (Degrés d abandon familial et social)
14h30 - Présidence de séance Najat
M'JID et Michel ROGALSKI
Plénière III : "
Violences et adolescence"
"Violence sur les adolescents, violence par les adolescents"
Exposé
de Françoise HURSTEL, psychanalyste, Université
de Strasbourg
"Émigration,
ruptures, déracinement"
Exposé
de Amina BARGACH, Psychiatre, Présidente AMRTF, Tétouan
15h30 - Discussion
17h00 - Ateliers
Atelier 1/ " Centres d écoutes
et d actions : femmes, adolescents et enfants "
Atelier 2/ " Émigration,
ruptures, déracinement "
Fadwa KHADER (Palestine) Dr
Salma HADDAD (Irak)
Samedi 8 septembre
9h00 Présidence de séance Paul EUZIERE,
président du FTM et Hayat ZIRARI, Centre d'Ecoute
de Casablanca
Plénière IV: " Enfants, Blocus,
Conflits, Terrorisme"
"Palestine (les enfants de l Intifada)
par Fadwa KHADER, Association Farah pour la petite enfance
(Palestine) avec Sylvie MANSOUR et Fernand TUIL
"Irak (Enfance sous embargo) par
Selma HADDAD, médecin, Sadek ABDELMOUTALIB
et Hassan ALDALIMI, universitaires, Bagdad
"Algérie, enfants victimes du terrorisme par Houria
CHAFAI SALHI, psychiatre, Pdte Fondatrice ARPEIJ, avec projection
Vidéo" Douleur muette " de Azzeddine Meddour
11h30 - Discussion
12h30 - Déclaration de Tanger
13h00 - Allocutions de clôture
Télécharger la liste complète des intervenants (pdf)
(extraits)
... C est sans doute au nom de ces valeurs partagées
et comme suite d un colloque particulièrement riche sur «l évolution
de la famille en Méditerranée » tenu en septembre 1999
à Bastia en Corse, que nous avons souhaité mettre sur pied une
manifestation qui prolongerait le travail entamé en l élargissant
et en construisant sur la rive Sud, avec des partenaires scientifiques associatifs
et institutionnels partageant les mêmes préoccupations, ce colloque
sur « Enfance et violences en Méditerranée ».
Nous avons au Maroc rencontré des partenaires associatifs particulièrement
fiables et dynamiques et des institutions qui nous ont apporté leur
soutien en respectant totalement notre indépendance. Je tiens à
le souligner car même là où existent depuis longtemps
des sociétés civiles solidement établies au Nord de la
Méditerranée, on ne constate pas toujours la même attitude...
Je veux donc remercier ici -outre tous les amis marocains embarqués
dans cette belle aventure-, les ministères et en premier lieu les ministres
qui nous ont rencontrés et appuyés :
Mme Nouzha CHEKROUNI, Ministre chargée de la condition de la femme,
la protection de la famille et de l enfance et de l intégration
des handicapés.
M. Mohammed AUJJAR, Ministre chargé des Droits de l Homme.
M. Omar AZZIMAN, Ministre de la Justice.
M. Ahmed MOUSSAOUI, Ministre de la Jeunesse et des Sports.
Outre la qualité de l accueil et de l écoute
que nous avons reçus tant au niveau officiel qu à celui
de nos amis du mouvement associatif en premier lieu, de l Espace Associatif
de Rabat et de l association Bayti, nous avons aussi souhaité
que ce colloque se tienne au Maroc, parce que la situation des enfants y est
abordée ici avec courage et lucidité, sans fard ni emphase par
tous les acteurs de la vie politique ainsi que par les médias.
Toutes les conditions d une réflexion poussée et sans
tabous entre femmes et hommes de tous horizons géographiques, professionnels,
intellectuels et spirituels, sont donc réunies.
Au regard de la diversité et de la qualité des participants,
de leur expériences aussi, je suis certain qu elle sera particulièrement
riche.
D autant que le thème de l enfance et de la violence est,
hélas !, en Méditerranée d une brûlante actualité.
Je n aurais pas la prétention d aborder maintenant l ensemble
des thèmes que nous allons traiter pendant ces trois journées,
mais simplement souligner à partir de notre expérience combien
la situation des enfants est souvent dramatique autour de la Méditerranée.
Dramatique en Palestine où les premières victimes d une
occupation illégale qui perdure depuis des décennies sont les
enfants.
Les enfants palestiniens qui sont statistiquement les plus touchés
par la répression militaire, et aussi par les incessants bouclages
des Territoires qui les étouffent au plan économique, médical
et moral. Les enfants palestiniens qui tombent chaque jour parce qu ils
demandent ces droits élémentaires que sont le droit à
un passeport reconnu, le droit à la paix, le droit à un Etat
souverain et viable qui les protège.
Il serait illusoire de vouloir évoquer la lancinante douleur des enfants
de Palestine en mettant entre parenthèses cette incontournable exigence.
Si les enfants d Israël ont droit à un Etat et à
la sécurité ; il en va de même pour les enfants de Palestine.
Il ne peut y avoir deux poids deux mesures.
Le sang des enfants qui coule insupportablement en Palestine
ne saurait faire oublier l agonie silencieuse des enfants d Iraq
dont plus de 520 000 -ce sont les chiffres des rapports officiels- sont morts
depuis l instauration d un embargo qui n a plus aucune justification
et qui tue chaque jour davantage, apparemment dans l indifférence
des gouvernements des grands pays occidentaux.
Peut-on accepter que toute une génération soit ainsi délibérément
sacrifiée, que l effort de tout un pays pour se doter d écoles,
d hôpitaux et d infrastructures modernes soit réduit
à néant et que ce soient les familles et d abord les enfants
qui en payent la plus lourde note ?
Je vais citer un document récent de l UNICEF qui est, vous le
savez, l organisme chargé de l Enfance dépendant
de l ONU : « A la fin des années 1970- peut on y lire-
l Irak était un état puissant et respecté qui commençait
à émerger comme puissance régionale et à connaître
un grand développement basé sur les pétros-dollars provenant
de l une des plus grandes réserves d hydrocarbures du monde.
Deux décennies plus tard, la situation a radicalement changé,
du fait des deux guerres dévastatrices et des sanctions internationales
[c.a.d de l embargo ] ( &) Depuis 1990, il y a une détérioration
sévère et prolongée du niveau de vie de la grande majorité
des Iraqiens. Le pays est passé d une relative abondance à
une pauvreté de masse. En 1997, le Comité des Droits de l Homme
de l ONU notait que les sanctions et le blocus sont la cause de souffrances
et de morts en Iraq, spécialement pour les enfants »
Et Carol BELLAMY, directeur éxecutif de l UNICEF, faisait remarquer
que si « la mortalité infantile avait connu une réduction
sensible dans les années 80, à partir des années 90,
un demi million d enfants de moins de 5 ans sont morts dans les huit
années qui vont de 1991 à 1998 ».
Ce sinistre état des lieux parle de lui même.
Il constitue un terrible acte d accusation à l encontre
de ceux qui font perdurer un embargo qui constitue un véritable crime
contre l Humanité parce c est une guerre qui ne dit pas
son nom, qu elle frappe des civils, en premier lieu des enfants innocents.
Que dire des enfants d Algérie qui par milliers
depuis neuf ans ont vu et voient encore leurs parents mourir égorgés,
assassinés sous leurs yeux ?
Dans un grand brouhaha, les grands médias internationaux feignent de
s interroger sur qui tue. On ne saurait pas, on ne comprendrait pas.
Ce serait « le brouillard ».
Pourtant aux portes des mosquées londoniennes comme sur Internet, les
assassins généralement connus des victimes rescapées
qui en témoignent revendiquent haut et fort leurs crimes. Mais, des
intérêts sans doute très puissants font que l on
ne veut ni entendre la voix des victimes ni reconnaître la signature
de leurs assassins.
Finalement, je ne sais pas si d Alger à Bagdad en passant par
Jérusalem et Ramallah, les terribles situations qu endurent les
enfants n ont pas la même origine &
Est-ce à dire qu il n y aurait souffrances des enfants
qu au Sud et à l Est de la Méditerranée ?
Evidemment, non.
Si au Nord la violence faite aux enfants est moins visible, elle est tout
aussi pernicieuse et destructrice.
La course folle aux déréglementations et à la dérégularisation
à laquelle nous assistons dans le cadre d une mondialisation
conçue selon les seuls critères du profit maximalconduit à
l exploitation de l enfant jeté sur le marché du
travail sans aucun droit ; comme à l exploitation sexuelle de
l enfant jeté sur le trottoir comme un vulgaire objet que l on
consomme avant de l abandonner, souillé et brisé.
Au Nord, au Sud, à l Est de la Méditerranée, les
mêmes mécanismes économiques et idéologiques de
destruction et d asservissement des peuples sont à l Suvre.
Ils visent partout et toujours d abord les enfants.
Mais il n y a là aucune fatalité, rien qui ne puisse être
modifié et inversé jusqu à replacer l homme
et son devenir au cSur de tout projet et de toute démarche.
Voilà quelques réflexions sans prétention nées
du vécu que je voulais vous faire.
J y ajouterai un moment de la superbe leçon de clôture
que donna le 2 juin 1981 au Collège de France, un très grand
intellectuel, ami et fin connaisseur du Maroc et du monde arabe, notre ami
aussi, le Professeur Jacques Berque.
Ecoutons ce maître : « ( &) S évader de
l étroit vers le large : ce large est d abord entre nous,
homme de la Rive Nord et de la Rive Sud, le grand large de cette mer qui constitua
trop longtemps une lice disputée, mais où se croisent les éclairs
des trois religions du Livre, et de deux grandes civilisations, avec ce qu elles
ont pu engendrer de variétés et de nuances d anticipations
et de sauvegardes. Faire d un tel espace, qui nous arrive aussi du temps,
notre nouveau champ sémantique, ne serait-ce qu un rêve
? Et pourquoi pas le rêve ? » (1)
A cette interrogation de Jacques BERQUE répond pour aujourd hui
et pour demain celle d un autre ami, un homme libre et déchiré,
le poète marocain Abdellatif LAABI.
« Ami
Où en sommes nous de nos rêves de jeunesse ?
Nous voulions surprendre le monde
Il nous a surpris
Puisque le monde
Est ainsi fait
Nos rêves devrons être
Encore plus têtus » &(2)
«Andalousie»- Jacques Berque .Ed. Sindbad et «Le Soleil
se meurt»-Abdellatif Laàbi .Ed. La Différence-
(extraits)
" Il est heureux de constater combien ces rencontres au hasard des contingences associatives peuvent constituer des opportunités d'échanges, d'émergence de premières affinités et d'identification de perspectives de collaboration autour de causes communes et de défense de principes communs puisés dans les référentiels de la démocratie, des droits humains et des rapprochements entre peuples et mouvements associatifs militants et soucieux de participer aux décisions intéressant les devenirs de leurs sociétés... "
Télecharger l'intégralité de l'exposé (pdf)
(extraits)
" Dans cette intervention liminaire Je tenterai seulement (avec les limites qui sont les miennes) de cerner quelques uns des traits d ensemble, des réalités et des conditions contemporaines de la situation historique où se situent les thèmes et problèmes de notre colloque : « Isoler les thèmes permet d éclairer le spécificités, mais seule la lecture historique permet de se rendre compte, par exemple, que ce sont des processus globaux de déshumanisation et de luttes qui agissent à tous les niveaux ». Aminata Traoré, auteur de « l Etau », (Actes Sud 1999) vient de le rappeler à Durban.... "
Télécharger l'intégralité du discours (pdf)
Le colloque «Enfance et Violences
en Méditerranée» s est tenu du 6 au 8 Septembre
2001 à Tanger,à l initiative des associations «
Festival TransMéditerranée » (France), « Espace
Associatif » et « Bayti » (Maroc) en partenariat avec la
Revue « La Pensée » et le Laboratoire de psychologie clinique
de l Université Louis Pasteur (Strasbourg), avec la participation
de représentants d associations, universitaires, institutionnels
et de publications d Algérie, Espagne, France, Irak, Italie,
Maroc, Palestine et Tunisie.
Ce colloque s est déroulé à la veille du Sommet
Mondial sur l Enfance et à une date coïncidant avec le premier
anniversaire du déclenchement de la deuxième Intifada en Palestine
où les acteurs sont en premier lieu des enfants.
Après trois journées de travail et d échange d idées
et d expériences, différents constats et conclusions ont
pu être dégagés par les participants. Ils ont clairement
permis d établir l existence de problématiques communes
et de défis dont la compréhension et la résolution déterminent
l avenir des peuples et des enfants méditerranéens et
la stabilité dans cette région, berceau de civilisations et
de la coexistence de cultures et de religions dont l apport à
l humanité est mondialement reconnu.
Cependant, les constats dégagés attestent que cette même
région est le théâtre des conflits les plus intenses (
sociaux, politiques et armés) et les plus dramatiques que connaît
le monde.
La complexité des situations et leur persistance démontrent
la nécessité d actions et d échanges concertés
entre tous les acteurs concernés par l avenir des peuples de
la région.
Ces conflits sont exacerbés par l impact de la mondialisation
qui soumet les sociétés à des mécanismes politiques
et économiques fragilisant, de manière dramatique, les populations
les plus vulnérables, en premier lieu, les enfants et les femmes.
Les violences dont sont victimes les enfants de cette région ont constitué
le centre des débats de ce colloque, ce qui a permis d identifier
leurs formes d expressions et les dysfonctionnements graves qui affectent
nos pays.
C est dans ce cadre que les participants ont tenu à affirmer
leur volonté de :
"Interpeller les gouvernants, les puissances mondiales et les organismes
internationaux sur leur responsabilité et leur devoir de protection
des enfants soumis à des situations de conflits: telle l occupation
des territoires palestiniens où l embargo sur l Irak;
"Mobiliser les ONG et tous les autres acteurs de la société
civile en vue d un plaidoyer visant:
- L application effective et totale des conventions ratifiées,
- La mise en place d outils de contrôle, de suivi et d évaluation
de l application des conventions,
- La mobilisation de tous les moyens nécessaires à la prévention,
la réhabilitation et la protection des enfants et des femmes victimes
de violences,
- Le renforcement du réseautage des acteurs des deux rives de la Méditerranée
concernés par cette problématique: échange d expériences
et d expertises, circulation de l information, lobbying auprès
des décideurs politiques,
Interpeller nos acteurs gouvernementaux et institutionnels sur la nécessité
d une stratégie visant l intervention globale sur les facteurs
générateurs de violences, et par là, de souffrances,
d exclusions et de peurs : dysfonctionnements familiaux, systèmes
éducatifs, chômage, précarité des conditions des
femmes, flux migratoires, travail des enfants, systèmes juridiques
basés sur l approche sécuritaire, dénis identitaires.
8 Septembre 2001
1901 - 2001 - Centenaire de la loi de 1901
ASSOCIATIONS DE MEDITERRANEE:
CITOYENNETE, SOLIDARITE, LIBERTES
MARSEILLE - CMCI - 8 Décembre 2001
Le FTM a choisi de commémorer
le centenaire de la loi de 1901 sur les associations dans sa dimension méditerranénne.
Ainsi la Rencontre organisée le 8 décembre 2001 à Marseille
par le Festival TransMéditerranée en partenariat avec le Conseil
général des Bouches du Rhône et en collaboration avec
l'AFASPA 13 a réuni autour des associations de la région Provence
Alpes Côte d'Azur, des responsables d'associations de huit pays de Méditerranée:
Algérie, Espagne, France, Grèce, Irak, Italie, Maroc, Tunisie.
La Loi de 1901 a largement inspiré le cadre des législations
d'un certain nombre de pays, particulièrement au Maghreb.
Dans ces pays, le mouvement associatif représente souvent un outil
essentiel des sociétés civiles et une alternative pour l'exercice
de la démocratie, de la citoyenneté, et des libertés.
Il constitue parfois un véritable contre-pouvoir.
La journée du 8 décembre 2001 a été
consacrée à l'échange des expériences et de la
réflexion sur le mouvement associatif en Méditerranée,
son rôle, ses perspectives, notamment dans les domaines de la solidarité,
de la paix, des libertés et du développement.
PROGRAMME:
9h30. Avant-propos de Paul EUZIERE, président
du FTM
10h00 Exposé introductif par Daniel CARRIERE, Président
de MEDCOOP, réseau d'associations et d'ONG pour la coopération
décentralisée non gouvernementale
10h30. Vie et expériences associatives : citoyenneté,
paix, développement
Abderrezak
HANNOUCHI, Journaliste, Administrateur de l'Espace Associatif, Maroc.
Clara
SASTRE, Membre de OSPAAL Solidaridad, Espagne
Mohamed
KHANDRICHE, Président de TOUIZA, Algérie
12h00 Débat
14h30. Associations de Méditerranée:
Un outil essentiel pour les libertés et les solidarités
Subhi TOMA,
Président de la Coordination internationale pour la levée de
l'embargo en Irak
Théocharis
PAPAMARGARIS, Président Comité Grec de Solidarité
Démocratique Internationale, Grèce
Daniel GARNIER,
vice-président de l'Association Médicale Franco-Palestinienne
Marseille.
Siham BENSEDRINE,
Journaliste, éditrice, porte-parole du Conseil National des Libertés,
membre de l'ATDF, Tunisie
16h30 Débat
17h30 - Synthèse et clôture par Joël DUTTO,
Vice-Président du Conseil général des Bouches du
Rhône
Liste non exhaustive des participants:
BEKKAR Kader, Délégué Général
de MEDCOOP.
BENSEDRINE Siham, Journaliste, éditrice, porte-parole
du Conseil National des Libertés, membre de l'ATDF, Tunisie
BRIXI Farid, Vidéaste NO PROD
BRUN Jacky, administrateur du FTM à Sainte Tulle,
Alpes de Haute Provence
BRUN Nicole, déléguée à la culture,
mairie de Saint Tulle, Alpes de Haute Provence
CHABANI Samia, Formatrice
CARON Jean-Michel, Educateur Sportif, CREPS, Aix en Provence
CARRIERE Daniel, Président de MEDCOOP
DARU Marie-Paule, Collège Méditerranéen
des Libertés, Toulon, Var
DUTTO Joël, vice-Président du Conseil général
des Bouches du Rhône
ELCHI Siham, Forum Femmes Méditerranée.
FOUCHIER Esther, Forum des Femmes de la Méditerranée-UNESCO.
GARNIER Daniel, vice-président de l'Association Médicale
Franco-Palestinienne Marseille.
GILMONT Daniel, Photographes sans frontières.
GUELLIEN Jacques, Comité Catholiquer pour la Faim
et le Développement
GUIZA Habib, Club Mohamed Ali pour la Culture Ouvrière,
Gabès, Tunisie
GUITARD Anne-Marie, Médecin, Association des Médecins
Français contre les Guerres
HAJJAR Meriem, Etudiante, Collège Méditerranéen
des Libertés, Toulon, Var
HANNOUCHI Abderrezak, Journaliste, Administrateur de l'Espace
Associatif, Maroc.
HUBERT Benoit, Avocat, membre de Aix Solidarité .
HUBERT Claudie, Avocate, membre de Aix Solidarité .
IDRI Smaïne, Responsable Associatif Body and
Soul , Marseille
KHANDRICHE Mohamed, Président de TOUIZA, Algérie
LEPIZZERA Octave, AFASPA- M 13, Bouches du Rhône
LIAUSSOU SAINT HILAIRE Pierre André, Professeur
en Sciences Humaines
MADANI Lotfi, Universitaire, Directeur de Radio Soleil
Marseille
MAHMOUDI Kamel, Chercheur.
MAKHON Othman, Association Marocaine pour l'Education de
la Jeunesse, Maroc
MILOUDI Wadih, Enseignant, Université de la Méditerrannée,
membre de Convergence des Démocrates Marocains à l Etranger
ORSONI Pierre-Alexandre, Président Association Médicale
Franco-Palestinienne Marseille
PAPAMARGARIS Théocharis, Président Comité
Grec de Solidarité Démocratique Internationale, Grèce
SAHRAOUI Ouassila, Educatrice, Associations des mères
de Marseille.
SASTRE Clara, Membre de OSPAAL Solidaridad, Espagne
SINIBALDI Georges, Président Association "Solidarité
et Liberté"
SOLTANI Lakhdar, Chercheur
TOMA Subhi, Président de la Coordination internationale
pour la levée de l'embargo en Iraq
Tout au long de cette année 2001, la France a célébré
le centenaire de la loi du 1er juillet 1901 qui est devenue au fil du siècle
un formidable outil de citoyenneté et de démocratie puisqu on
évalue ici à environ 730 000 le nombre d associations
déclarées et que 120 000 d entre elles emploient 850 000
personnes. Ce qui représente 10% des effectifs du secteur tertiaire.
Chaque année, il se crée 60 000 associations déclarées.
Un rythme double d il y a 10 ans(1). Tous les secteurs sont concernés:
sportif, sanitaire, social, culturel, humanitaire.
Le poids des dépenses de ce secteur avoisine 180 milliards FF, soit
3,3% du PIB français.
Enfin, 5000 associations, ONG de droit ou de fait, interviennent à
l étranger. C est dire le poids du phénomène
associatif en France.
Une première remarque que je voudrais faire immédiatement, c est
que le droit de s associer a connu dans ce pays une longue gestation,
bien des avancées et des reculs, et nombre d aléas à
partir de ce 21 août 1790 -quand la Révolution a reconnu pour
la première fois, par la loi, aux citoyens le droit de s assembler
et de former entre eux des sociétés libres- jusqu à
aujourd hui.
Je ne m étendrai pas sur la loi Le Chapelier de 1791 qui interdisait
tout rassemblement, corporation ou association d ouvriers et artisans,
ni sur le Code pénal de Napoléon 1er qui prohibe toute association
non autorisée dans son article 291, encore aggravé par la loi
du 1er avril 1834.
Si la liberté d association réapparut ensuite avec la
révolution de 1848 et la constitution du 4 novembre, ce fut éphémère.
Il a fallu attendre la Chute du Second Empire, en 1871, pour que des députés
déposent à nouveau des propositions de loi visant l abrogation
de toute législation restrictive de la liberté d association.
De 1871 à 1901, trente années se sont écoulées
au cours desquelles trente trois projets de lois furent soumis à la
discussion.
La loi de 1901 est donc le fruit d un long combat.
Elle même n est pas allée sans âpres discussions
et je soulignerai que lors des débats qui la précédèrent
à la Chambre des députés, notamment le 31 janvier 1901,
le rapporteur de la loi n hésita pas à rappeler que ni
les mineurs, ni les femmes mariées pourraient faire partie d une
association.
Puisque nous en sommes à évoquer les femmes, rappelons ici qu il
fallut attendre 1920 pour que le femmes aient le droit d adhérer
à un syndicat sans autorisation de leur mari, et 1938 pour qu une
loi abroge l article 213 du Code civil par lequel la femme devait obéissance
à son mari...
Si l on excepte les quatre années du régime de Vichy sous
Pétain de 1940 à 1944 -les principes posés par la loi
de 1901 n ont jamais été remis en cause dans leurs fondements,
même si -et il ne s agit pas d une petite nuance dans un
pays d immigration comme la France- de 1939 à 1981, premier gouvernement
de la gauche dans la Vè République, cette liberté d association
a connu une restriction majeure pour les résidents étrangers
avec l insertion dans la loi d un titre IV qui privait les étrangers
de la liberté d association et soumettait les associations composées
d étrangers à un pouvoir de contrôle et de dissolution
du Ministère de l Intérieur.
Rappelons aussi qu en janvier 1971, sur la lancée de la riposte
au mouvement de mai-juin 1968, un ministre de l intérieur du
président G. Pompidou, Raymond Marcellin voulut restreindre cette liberté
d association en la soumettant à un mécanisme d autorisation
préalable et qu il fut débouté le 16 juillet de
la même année par le Conseil Constitutionnel par une décision
qui fait date puisqu elle fait de la liberté d association
un principe à valeur constitutionnelle.
Vous me permettrez d en rappeler les termes:
«Considérant qu au nombre des principes fondamentaux
reconnus par les lois de la République et solennellement réaffirmés
par le préambule de la Constitution, il y a lieu de ranger le principe
de la liberté d association; que ce principe est à la
base des dispositions générales de la loi du 1er juillet 1901
relative au contrat d association; qu en vertu de ce principe
les associations se constituent librement et peuvent être rendues publiques
sous la seule réserve du dépôt d une déclaration
préalable; qu ainsi, à l exception des mesures susceptibles
d être prises à l égard de catégories
particulière d associations , alors même qu elle
paraîtrait entachée de nullité ou aurait un objet illicite,
ne peut être soumise pour sa validité à l intervention
préalable de l autorité administrative ou même de
l autorité judiciaire».
Je crois qu il est utile de revenir sur ce long cheminement et ces affrontements
qui nous montrent qu en matière de libertés -comme dans
bien d autres domaines- rien n est jamais définitivement
acquis une fois pour toute et pour tous.
La liberté, les libertés, se construisent.
La liberté et le droit de s associer en sont une dimension déterminante.
Ils vont aujourd hui de pair avec l émergence des «
sociétés civiles » et l intervention des ONG.
Au delà de l imprécision du terme sociétés
civiles par lequel nous pouvons désigner tout ce qui n appartient
pas à la sphère des pouvoirs étatiques et institutionnels
permanents (ou n en dépend pas), on constate dans nombre de pays
en voie de développement, singulièrement au Sud et à
l Est de la Méditerranée, une autonomisation croissante
des sociétés par rapport au pouvoir dans laquelle les dynamiques
associatives jouent un rôle majeur.
C est un phénomène nouveau - il date de moins de 20 ans
- dans la plupart des cas, variable selon les pays, fondamentalement démocratique,
et en même temps paradoxalement porteur de risques, d une part,
parce que ceux qui s investissent dans le mouvement associatif ne participent
pas toujours d une volonté d émancipation citoyenne,
d autre part, du fait des absences et des insuffisances des Etats, associations
et ONG peuvent aussi être les paravents faciles d un moins-Etat
et d une privatisation des Institutions dans le cadre de la mondialisation
néo-libérale.
Enfin, et c est un autre risque, avec le contexte général
de crise de la politique , le mouvement associatif peut apparaître
comme l alternative illusoire aux formations politiques en crise.
Au delà des statuts juridiques des associations qui sont généralement
soumises à autorisation préalable de la part de pouvoirs sourcilleux,
les associations de Méditerranée dans leur diversité
extrême ont à répondre à ces questions majeures
qui les interpellent dans leur devenir. C est aussi tout le sens de
cette rencontre.