JANVIER 2004


Présentation du roman
"Terre d’ombre brûlée"
Ambassade du Maroc - Paris


  A l'occasion de la réception donnée à Paris, le 21 janvier 2004, en présence de S. E Hassan Abouyoub, Ambassadeur du Maroc en France et de nombreux écrivains et personnalités de l'Art et de la Culture, le Président du Festival TransMéditerranée, Paul Euzière a présenté « Terre d'ombre brûlée » (Ed Fayard) en le resituant dans l'oeuvre et dans l'histoire de Mahi Binebine.

« C’est un honneur immense -et un plaisir tout aussi grand- d’avoir à présenter en ces lieux le dernier ouvrage de notre ami Mahi Binebine « Terre d’ombre brûlée » qui « revisite » l’histoire si tragique de Jilali Gharbaoui, peintre marocain éminent et fulgurant qui termina sa vie, dans le dénuement le plus complet sur un banc de Paris en 1971. Il avait 41 ans…Comme lui, Mahi est marocain et peintre de très grand talent.
Là d’ailleurs s’arrête -heureusement- la comparaison.

Car Mahi -je sais que sa modestie va en souffrir, mais je crois qu’il faut le dire tranquillement ici- est un peintre dont la puissance et l’originalité des œuvres ne laissent jamais insensible.
La puissance, elle est dans ces figures bâillonnées d’une façon ou d’une autre, dans ces maillages de fils d’acier qui recouvrent souvent ses toiles, dans ces corps repliés, douloureusement courbés, dans ces masques dont le silence hurle de vertigineuses fractures impossibles à oublier.

L’originalité, elle tient aussi à cet exercice -rare et difficile- de peintures à quatre mains, à deux artistes, que Mahi a si bien su faire vivre avec l’Espagnol Miguel Galanda que nous avons accueilli, il y a deux ans, dans le sud de la France, à Grasse, à l’occasion de l’inauguration de la XIVème saison du Festival TransMéditerranée dont le thème était « Regards des deux rives », et à laquelle participaient notamment aux côtés de Mahi, son frère Aziz rescapé de Tazmamart, vivant symbole de la page tournée des années de plomb, l’écrivain Jean-Pierre Millecam et l’éditeur et galeriste Alain Gorius.

Je crois que pour ceux qui connaissent et apprécient le peintre, il était naturel que l’écrivain Mahi – après notamment « Cannibales », puis « Pollens » aux succès mérités- et particulièrement pour ce qui concerne « Cannibales », hélas, à la permanente et dramatique actualité, nous emmène ailleurs, sur les sentiers de la peinture, avec ses angoisses, ses douleurs, mais aussi –car il ne s’agit pas avec « Terre d’ombre brûlée » d’un énième portrait d’« artiste maudit »- avec ses espoirs souvent déçus, ses rires, rares mais réels, et aussi ses malchances dont on n’est jamais tout à fait innocent…

« Terre d’ombre brûlée », c’est donc, à partir de la mort de Jilali Gharbaoui, un peu de tous ces peintres et personnages pittoresques et attachants que Mahi a croisé et croise dans sa trajectoire de créateur –un petit morceau de cette humanité, de cette « comédie humaine » souvent si inhumaine- de la création au temps de la marchandisation de l’œuvre d’art.

Je ne sais, du peintre ou de l’écrivain, lequel des deux Mahi porte en lui le monde le plus dense et le plus brûlant.
Mais, sans doute, ces deux facettes d’un même talent se conjuguent-elles pour nous offrir un créateur dont la force et le témoignage font honneur au Maroc et aussi à la France qui est non pas son « second pays », mais son autre pays…(...)

JUIN 2004

 

La Corse et Marianne

 

  Avec ce livre de près de 700 pages, VI parties ( L'enracinement de la République en Corse 1870-1914; La République attaquée 1914-1940, La reconquête de la République; La République recomposée ) et onze chapitres, deux éminents historiens, Ange Rovère, responsable de la Revue " Études Corse" et Jean-Paul Pellegrinetti ont écrit la première véritable histoire politique de la Corse de la fin du Second Empire (fin du XIXème) à aujourd’hui.

Une histoire riche d’informations et d’analyses étayées de nombreuses données statistiques et de recherches documentaires scrupuleuses.
Jean-Paul Pellegrinetti pour les deux premières parties (du Second Empire à la Résistance) et Ange Rovère pour les deux dernières parties (de la Résistance à nos jours) passent au crible « un siècle et demi d’histoire tout au long duquel l’ancrage républicain de la Corse » se construit de façon finalement pas si éloignée d'autres régions de France.

Au cours des rencontres successives organisées par le FTM avec les auteurs (à Grasse, Septêmes-Les-Vallons dans les Bouches du Rhône et à la Fête du Château à Nice), on a pu se rendre compte à quel point il était temps qu’un tel livre voit le jour. En effet, comme l’a noté, à l’ouverture des débats, Paul Euzière, le président du FTM: "il était urgent de faire autre chose que les médias et la littérature de hall de gare qui enferment l’île dans un univers irrationnel, folklorisant et sensationnel "

" Notre démarche, soulignent Ange Rovère et Jean Paul Pellegrinetti, se veut analyse des formes et des modes par lesquels les Corses se sont approprié l’idée républicaine, dans une respiration où la spécificité apparaît moins comme référence à un monde à part que comme manière singulière de participer à l’universel"

Il est vrai, et les auteurs ont raison de le rappeler dans leur démonstration, que la Corse participe pleinement et avec son originalité de l’Histoire de France. Ajaccio fût, le 9 septembre 1943, la première ville du territoire national à se libérer.
C’est à la fin du Second Empire que l’Ile de Beauté s’ouvre à Marianne. La République, explique JP Pellegrinetti, est synonyme de progrès. Elle apporte l’eau, le train, les routes et surtout l’Ecole.
La guerre de 14-18, à laquelle les Corses paient un lourd tribut (env. 12 000 morts et 20 000 blessés) va ancrer la République définitivement en Corse.

Cette adhésion républicaine ne gomme pas les « singularités » comme le souligne dans sa préface, le grand spécialiste de l'histoire de la République, Maurice Agulhon : " Les particularités de la politique corse, comme celles de l’économie ou des structures sociales, sans oublier l’attachement à la langue ou même la situation d’insularité, ne sont pas niées par les auteurs ; ce qui est contesté c’est leur érection en caractères immuables, donc porteurs d’une identité autre, celle d’un ‘peuple corse’ distinct de la ‘république une et indivisible’ (…) Les particularités culturelles et les difficultés économiques ne sont pas négligées, elle sont analysées avec une sympathie populaire indéniable ; qu’elles suscitent un régionalisme légitime, la chose est admise, c’est le passage du régionalisme à l’autonomisme et vers l’indépendantisme qui ne l’est plus. Surtout lorsque les revendications économiques et virtuellement politiques s’expriment par la violence. "

  Ange Rovère et JP Pellegrinetti, outre le mérite de la clarté, ont celui de battre en brèche la vison réductrice que l’on nous impose depuis des lustres sur la Corse et les Corses.

" Or, rappelle Ange Rovère, pour comprendre la Corse, il ne faut pas perdre de vue le cadre global et l’articulation avec la construction européenne".
"En effet,
poursuit Paul Euzière, tant au niveau de la politique française que des choix européens, la Corse, constitue, à bien des égards, un terrain d’expériences "

De l’Acte unique au Statut Joxe en passant par Maastricht et aujourd’hui, avec le projet de « Constitution » européenne élaborée par Valery Giscard D'estaing, la Corse devient un laboratoire du « remodelage du pacte républicain, d’expérimentation de la république décentralisée » « La Corse et la République » * un livre référence qui dérange bien des idées reçues. A lire et à faire lire. (Édition du Seuil 2004)

 

 

 

OCTOBRE 2004

Toulon

LES "RENCONTRES RIVES - SUD"

 

 Les rencontres Rives-Sud sont nées à Toulon (Var) en octobre 2004
à l’initiative de l’association Varois pour la Paix et la
Justice en Méditerranée en partenariat avec le Festival TransMéditerranée.



Moment d’échanges sur une actualité dramatique - ou dramatisée - , mais aussi moment convivial et festif autour des créations de l’autre rive, tel est l’esprit de ces rencontres que les deux associations entendent pérenniser.

Les premières rencontres Rive Sud ont eu lieu le 2 et le 6 octobre à Toulon.

Le samedi 2 octobre
, au CREP des Lices, était consacré à l’échange, au débat et à la réflexion.
Stands associatifs, espace librairie et marché palestinien, l’après-midi. Projection débat en soirée sur le thème " Sociétés arabes en mouvement " à partir du film: "Ce Maroc qui bouge", avec la participation de Hayet Zirari, Ethnologue à l’Université de Casablanca, présidente du Centre d’Ecoute des Femmes et Patrick Ribau, Géographe à l’Université Paris VII, chercheur au CNRS, membre du Comité de rédaction de la revue "La Pensée".

Le mercredi 6 octobre, au Comédia - Théâtre de la Méditerranée, était consacré à la découverte de la chanson arabe avec la chanteuse marocaine Hasna Zalar et le luthiste Nabil Khalidi.

Coordonnées Association Varois pour la Paix: émail: paix.toulon@laposte.net

Les prochaines Rencontres Rives-Sud auront lieu en octobre 2005.
La réalisation d’un film est envisagée, cette fois en Algérie.