XV° Saison du Festival TransMéditterranée

IRAK, 10 000 ans de création...
et aujourd'hui ?

Le 21 novembre 2002, le Festival TransMéditerranée a inauguré sa XVe saison avec une exposition inédite d’art contemporain irakien.
Cinquante œuvres superbes de quatre artistes plasticiens (le peintre Nashat Al Aloussi - qui a pu seul faire le déplacement - et les sculpteurs Salman Radhi, Abdelkarim Khalil et Ala’a Al Hamdani) ont été présentées, en avant-première, au Palais des Congrès de Grasse (Alpes-Maritimes) durant 3 semaines, grâce notamment au concours du Centre Culturel Français de Bagdad.
En même temps il a été proposé le regard d’un artiste algérien et d’un artiste français sur ce pays où la création reste dynamique malgré l’embargo.

Ainsi a t-on pu découvrir les photos émouvantes de l’Algérien Omar D. sur les « Enfants de Bagdad » dont l’album en a séduit plus d’un. Jacques Ferrandez, dessinateur et co-auteur de « Irak, 10 ans d’embargo », a connu un grand succès avec ses « Carnets d’Orient ».

La soirée a ensuite été animée par le poète, conteur et musicien Saadi Younes Bahri qui fait partie de cette génération d’Irakiens vivant en France depuis deux décennies.
Le vernissage a eu lieu en présence notamment d’élus de la Ville, du Département et de la Région et de personnalités des milieux associatifs et culturels.

 

    


Extraits du discours de Paul Euzière, président du FTM à cette occasion :

« Il y a quelques jours une amie notait que le Festival TransMéditerranée avait eu encore une fois « le nez creux » en plaçant l’inauguration de cette XVe saison sous le signe de l’Irak. Il est vrai qu’une actualité particulièrement inquiétante tant elle est porteuse de risques de guerre, c’est à dire de souffrances et de morts, aux retombées inimaginables, remet, malgré lui, ce si ancien pays au devant de la scène médiatique.

Mais ce n’est pas ce qui nous a guidé dans ce choix de faire découvrir une facette de l’Irak d’aujourd’hui au travers des œuvres de quatre créateurs de dimension internationale. Ce qui nous a poussé à mettre à l’honneur l’Irak c’est bien plutôt le croisement d’une immense douleur et l’Histoire. (…)

(…)L’Irak ne peut se résumer à Bagdad, aux Abassides, à Haroun Al Rachid et aux « Mille et Une nuits » ; l’Irak c’est aussi la Mésopotamie, Sumer -où commence l’Histoire-, Ur -la cité d’Abraham, des centaines de villages chrétiens assyro-chaldéens, où la langue de tous les jours est l’araméen, la langue du Christ ; Najaf et Kerbala -villes saintes du chiisme où périrent le calife Ali est ses fils.

C’est aussi de cette terre où coulent le Tigre et l’Euphrate que nous sont venus l’écriture cunéiforme, ancêtre de notre alphabet et tous les grands mythes que l’on retrouve ensuite dans la Bible et les monothéismes, dans les mythologies grecque et romaine.
Dix siècles avant le grec Solon et avant Pythagore, l’Irak avait promulgué le premier Code de Lois d’Hammourabi et déjà découvert les principes mathématiques du fameux théorème.

Je ne veux pas énumérer ici tout ce que cette terre d’Irak et ses hommes ont apportés à notre civilisation, mais simplement rappeler avec force que l’on ne peut la réduire à un enjeu géopolitique ou à son statut de 2ème réserve du monde de pétrole.

Depuis longtemps l’Irak a entretenu des liens forts avec la France, nous pensons qu’il est de l’intérêt des deux pays et des deux peuples de renforcer dans tous les domaines ces liens et ce dialogue qui s’appuient notamment sur les échanges culturels et humains.
En organisant cette exposition, en dépit de tous les obstacles, mais avec l’aide de notre Centre Culturel à Bagdad -qui est un pont entre nos deux peuples- le FTM a voulu avec ses modestes moyens contribuer à cette connaissance.

Merci à tous, d’avoir répondu présents pour cette inauguration et réaffirmé ainsi, en même temps, votre attachement aux valeurs de dialogue et de paix entre les peuples et les civilisations ! »