IRAK
L’été 2001 dans le cadre de la préparation
du colloque international « Enfances et violences en Méditerranée
» (Tanger – Maroc septembre 2001) coorganisé avec l’Espace
Associatif (Rabat), le FTM décidait d’envoyer une délégation
en Irak afin d’évaluer sur place les conséquences sur
les enfants de dix années d’un embargo terrible (1991-2001).
Pendant 17 jours, les représentants du FTM découvrirent Bagdad,
Samarra, Koufa, Najef, Kerbala ; les hauts lieux de la Mésopotamie
: Babylone, Ctésiphon ; l’Irak des villes et des campagnes, les
sanctuaires musulmans - sunnites et chiites- et chrétiens.
Ils rencontrèrent des Irakiens de tous horizons : médecins,
enseignants, plasticiens, agronomes, religieux … et purent ainsi prendre
toute la mesure des dégâts matériels et humains résultant
de la guerre du Golfe et de l’embargo sur la population.
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1 - Dans les écoles primaires construites dans les années 1980 selon les critères les plus modernes, les locaux et le matériel se délabrent et ne peuvent plus être entretenus...
2 - Les Etats Unis ont utilisé lors des bombardements de la 2ème guerre du Golfe des armes à base d' "uranium allégé " qui jusqu'à aujourd'hui « brûlent » de l'intérieur les agrumes.
L’enfance première victime
Lors du colloque « Enfance et violences en Méditerranée », la Dr Selma Haddad, chef du service de cancérologie pédiatrique à Bagdad apporte un témoignage bouleversant sur les pénuries de médicaments, d’appareils et de matériels médicaux ainsi que sur la dégradation dramatique d’un système médical qui, jusqu’à l’embargo, avait assuré à la population une des meilleures couvertures sanitaires du Proche-Orient
Août 2001, Bagdad : L’embargo
a provoqué l’effondrement du dinar irakien dont la valeur a
été divisée par 6200. Les salaires ne permettent plus
de vivre. Dans les hôpitaux autrefois ultramodernes, ce sont les familles
qui doivent remplacer le personnel de service et les infirmières.
Pendant une longue période, même le papier a manqué
: les médecins ont été contraints d’écrire
sur les parties non utilisées de dossiers médicaux vieux de
10 ou 15 ans…
En dépit de l’isolement auquel ils sont soumis (toute importation
de revue scientifique ou même littéraire est interdite par la
Commission d’embargo) et de la dictature, les Irakiens continuent de
créer dans les pires conditions.
Lors d’une deuxième mission en Irak en février 2002, des
contacts seront établis avec des peintres et sculpteurs exposant au
Centre Culturel Français de Bagdad, un des hauts lieux où des
milliers d’Irakiens peuvent découvrir la création française
contemporaine, en débattre, et aussi se faire connaître, en toute
liberté, par des expositions.
Oeuvres de Nashat Al Aloussi Sculpture
de Salman Radhi
C’est ainsi que quatre artistes : le peintre Nashat Al Aloussi
et trois sculpteurs : Salman Radhi, Abdelkarim Khalil
et Ala’a Al Hamdani, seront exposées pour la
première fois en France à l’occasion de la XVè
saison du FTM en novembre 2002.
En avril 2002, le FTM, les associations
AFASPAM (Association Française d’Amitié et de
solidarité avec les peuples d’Afrique et de Méditerranée)
et "Solidarité et Liberté", organisent
à Marseille deux jours de Rencontres pour la levée de l’embargo
qui étouffe les Irakiens, détruit la société en
favorisant tous les trafics, permet l’établissement de fortunes
vertigineuses et finalement conforte le régime alors que la population
irakienne en est réduite à vendre ses biens de familles pour
pouvoir manger.
Ont notamment participé à ces journées, Joël DUTTO,
vice-président du Conseil Général des Bouches du Rhône,
Subhi TOMA, président du comité international pour la levée
de l’embargo et le colonel américain Scott
RITTER, responsable de 1991 à 1998 de la cellule de renseignements
de l’UNSCOM (Organisme de l’ONU chargé du contrôle
du désarmement irakien et de la recherche des Armes de Destruction
Massive), auteur d’un ouvrage remarqué « Endgrave, solving
the Iraq problem once for all » (Ed. Simon and Schuster. New-York 1999),
auteur également d’un documentaire inédit et de nombreux
articles spécialisés.
La revue "La Pensée"
n° 330 de avril-juin 2002 publiera une traduction sans équivoque
de l’un d’entre eux « Le cas du désarmement qualitatif
irakien ». Scott RITTER explique à Marseille techniquement l’inexistence
de toute arme de destruction massive en Irak
Malgré l'embargo,
des jeunes Irakiens découvrent la France...
Avec l’appui du Centre Culturel
Français de Bagdad et de la Représentation diplomatique française
en Irak, le Festival Transméditerranée (FTM), en partenariat
avec la CCAS des électriciens et gaziers, le Syndicat des Portuaires
de Marseille, le Conseil général des Bouches du Rhône,
les associations AFASPAM, « Solidarité et Liberté »
(Marseille), l’association « Per a Pace» (Corse) a organisé,
en juin 2002, l’accueil et le séjour des jeunes Irakiens, dans
le sud de la France.
Ce voyage s’est inscrit dans le cadre des initiatives du FTM visant
à développer des échanges avec le peuple irakien.
Les adolescents tous francophones âgés de 14 à 17 ans-
et leurs deux accompagnateurs – parmi eux Akila Al Hashimi *
- ont donc effectué un séjour d’une semaine en
France, qu’ils qualifient «d’inoubliable ».
Leur périple a commencé à Paris
et s’est achevé à Nice,
en passant par Marseille, et la Corse (Ajaccio
et Bastia).
A chacune de ces étapes, ils ont rencontré des responsables
associatifs et syndicaux, mais aussi un public plus large. Les jeunes Irakiens
ont témoigné, avec des mots simples, des souffrances endurées
par le peuple irakien, et en particulier par la jeunesse, du fait de l’embargo.
A Marseille, outre leur premier bain de mer, ils ont notamment été
reçus par Joël Dutto, Vice- Président du Conseil Général
des Bouches du Rhône. Ils ont par ailleurs eu un débat enrichissant
avec des responsables du Syndicat des Portuaires de Marseille.
A Ajaccio, ils ont rencontré les représentants des associations
« Per A Pace », « ATTAC », « Amnesty International
» ; « Secours Populaire ».
Enfin à Nice, ils ont participé à un débat sur
les effets de l’embargo, animé par Paul Euzière, président
du FTM.
Bien sûr, et à leur grand plaisir, les jeunes Irakiens ont aussi
visité les villes et régions qu’ils ont traversées
et ont pu découvrir des activités de loisir comme le kayak ou
la voile. Un grand bol d’oxygène pour ces adolescents.
* Akila al Hashimi
Parfaite francophone, grande connaisseuse de la culture française,
auteur d’une thèse de Doctorat sur François Mauriac obtenue
à l’université de Bordeaux, Akila al Hashimi a été
l’une des trois femmes siégeant au Conseil Intérimaire
du gouvernement irakien à partir de juillet 2003.
Victime d’un attentat à Bagdad le 20 septembre 2003 elle st décédée
5 jours plus tard des suites de ses blessures.