Inauguration 2006                                                                                                                                                              

"MAROC , l'ART ET LA MEMOIRE"

FESTIVAL TRANSMEDITERRANEE
XIX° SAISON (2006-2007)

PALAIS DES CONGRES - GRASSE (Alpes-Maritimes)

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Au programme:

- Vernissage de deux expositions:

Peintures de Mahi BINEBINE et Sculptures de YAMOU

                    

- Rencontre et témoignage avec

Maria DAIF, rédactrice en chef du magazine PARADE
et reporter au magazine TEL QUEL


Paul Euzière et le Festival TransMéditerranée
rendent hommage au « Maroc qui bouge ».

L’association Festival TransMéditerranée a donné le coup d’envoi de sa 19è saison 2006-2007 consacrée au « Maroc, l’Art et la Mémoire » en présence des artistes Mahi BINEBINE et YAMOU et de la journaliste Maria DAIF.

C’est au cours d’une belle soirée d’inauguration à Grasse (Alpes-Maritimes) à l’occasion du vernissage des magnifiques toiles de Binebine et sculptures de Yamou et du vibrant témoignage de Maria Daif que Paul Euzière, le président de l’association Festival TransMéditerranée a salué la vitalité de la création au Maroc ainsi que la qualité du partenariat multiforme mené avec les associations marocaines qui partagent la même volonté en matière de dialogue et de paix en Méditerranée.

Il a rappelé qu’à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Indépendance du Maroc, l’association Festival TransMéditerranée, avec l’association corse Per A Pace, ont décidé d'apporter leur contribution originale par une série d'initiatives culturelles et de solidarité sur le Maroc, avec les Marocains du pays et aussi ceux de la diaspora.

« Ces initiatives culturelles nous les avons voulues non pas comme une rencontre avec toutes les magnifiques richesses patrimoniales du Maroc traditionnel, mais comme une porte ouverte sur le Maroc d'aujourd'hui à travers le témoignage de créateurs et de femmes. »

En ce qui concerne les projets communs de solidarité et de développement, huit projets ont été Paul Euzière a parlé de huit projets qui vont du Rif, au Nord du Maroc, jusqu'à l'extrême sud du Sous, en passant par la région de Meknès, Marrakech et le Haut Atlas.

Ces projets concernent aussi bien les enfants des rues, que l'école et la culture ou le domaine de la santé.

Au Maroc, a voulu témoigner le président du FTM, nous avons été entourés partout d'un soutien, d'une disponibilité de tous les instants – discrète et efficace – et d'une fraternité que de simples mots ne peuvent traduire. Ce comportement n'a pas été seulement celui des associations marocaines partenaires, mais de toutes celles et tous ceux que nous avons rencontrés du Nord au Sud, dans les villes comme dans les villages.

Je tenais à apporter ce témoignage aujourd'hui, non seulement parce qu'il est une puissante raison de poursuivre ces projets avec nos amis marocains, mais parce que ce vécu a constitué le meilleurs démenti à tous les faux prophètes d'un soi-disant « choc des civilisations » et à tous ceux qui les relaient dans une opinion que certains voudraient décérébrée ou amnésique.


       

Pendant l'inauguration...

 

1.              2.    

3.

1: Mahi Binebine - 2 : Yamou - 3 : Maria Daif

 


Outre ces projets, l’association FTM prépare une série d’initiatives pour janvier 2007 :

- la coordination d’un numéro spécial de la revue « Recherches Internationales » consacrée au
« Maroc et à la Tunisie, cinquante ans après les indépendances ».

- la projection avec débat du film « Indigènes »

- une exposition autour du très beau livre « Ana, frères d'armes » réalisé par le Lycée Lyautey de Casablanca. On pourra y découvrir le parcours et les sacrifices des troupes marocaines de l'armée française en 1914-1918, et pendant la Seconde Guerre Mondiale, notamment en Corse et en Provence.

« Il est de notre devoir à tous, a souligné Paul Euzière
de rappeler cette histoire et de la faire découvrir aux jeunes générations dans toute sa dimension humaine.

Cette mémoire ne doit pas être effacée, a-t-il conclu, car à sa façon, comme les oeuvres de Yamou,
celles peintes ou écrites de Mahi Binebine, comme la voix de Maria Daif, elle nous parle d'avenir. »

 

Discours de Paul Euzière, Président du FTM

Il y a cinquante ans, le Maroc recouvrait son indépendance.
Pendant quarante-quatre ans, le pays du « Couchant Extrême » - le « Maghreb el Aqsa » - avait été, pour le meilleur et pour le pire, « protectorat » français.Les liens entre Français et Marocains s’étaient donc développés étroitement dans tous les domaines, de façon contradictoire.

Il y avait les figures des « Résidents  généraux », celle du flamboyant Lyautey et celles de la plus classique tradition coloniale avec Noguès et Juin; mais aussi en contrepoint, l’engagement résolu de grandes consciences telles que Jacques Berque, Jean Dresh, Charles-Emile Ageron et tous ceux beaucoup plus obscurs qui s’engagèrent dans les combats émancipateurs.

Il y avait aussi le sang versé ensemble dans les tranchées pendant la 1ère Guerre Mondiale et par tous ces soldats marocains: Tabors et Goumiers de l’Armée d’Afrique dont l’héroïsme et le courage participèrent largement à la défaite du nazisme et à la libération de la France.

Les liens entre le Maroc et la France existaient bien avant le Protectorat. En témoignent dès le XVIIe siècle les relations de Moulay Ismaïl avec Louis XIV et le Traité d’amitié de St Germain-en-Laye (1682) signé entre les deux pays. Ou bien au XVIIIe siècle, sous le sultan Mohammed Ben Abdallah, la construction d’Essaouira – « La Bien Dessinée » - selon les plans de l’architecte avignonnais Théodore Cornut.

Après l’Indépendance, les relations ne se sont plus jamais distendues, ni entre les Etats, ni entre les deux peuples qui ont à la fois multiplié les actes de solidarité et développé, de façon croissante depuis une dizaine d’années, des partenariats, montrant ainsi que c’est à partir du terrain, par les défis relevés ensemble qu’on pose les bases les plus solides d’un vrai dialogue entre hommes d’héritages culturels différents.

C’est à partir de cette réalité nouvelle – de ce Maroc qui bouge – que le Festival Transméditerranée et l’association « Per a Pace » d’Ajaccio, qui partagent la même volonté en matière de dialogue et de paix en Méditerranée, ont décidé, à l’occasion de ce cinquantième anniversaire de l’Indépendance, d'apporter leur contribution originale au renforcement de ces liens par une série d'initiatives culturelles et de solidarité sur le Maroc, avec les Marocains du pays et aussi ceux de la diaspora.

Ces initiatives culturelles nous les avons voulues non pas comme une rencontre avec toutes les magnifiques richesses patrimoniales du Maroc traditionnel, mais comme une porte ouverte sur le Maroc d'aujourd'hui à travers le témoignage de créateurs et de femmes.

A l'occasion d'une superbe exposition, il y a quelques années à Casablanca, j'avais été frappé par l'heureuse complémentarité qui se dégageait du voisinage des tableaux de Mahi Binebine avec les sculptures de Yamou. C'était un compagnonage inattendu, surprenant et en même temps dynamique, par son contenu comme par sa texture. A l'univers de Yamou, à ses sculptures associant sereinement bois, clous et plantes comme à ses peintures au prétexte végétal répondaient les silhouettes mutilées, les personnages baillonnés et l'insupportable silence des masques de Mahi Binebine.
Yamou et Mahi qui sont tous deux – leur modestie naturelle doit-elle en souffrir – des artistes de dimension internationale qui exposent dans les lieux les plus prestigieux ont donc accepté de venir présenter ensemble, ici à Grasse, puis en janvier en Corse, une exposition inédite à l'occasion de cette XIXe Saison du Festival Transméditerranée.
Nous avons souhaité aussi leur associer un visage – et surtout une voix - de femme. Non pas pour céder à une quelconque mode, mais parce qu'au Maroc comme partout en Méditerranée, les femmes jouent un rôle de plus en plus déterminant dans l'évolution des sociétés.
Nous avons donc invité Rajae Benchemsi qui est un écrivain, mais qui ne peut être parmi nous car elle doit subir une intervention chirurgicale demain. Sa venue est donc différée.
Nous donnerons donc la parole à une autre femme, jeune, emblématique par le ton et par le fond de ses propos d'une nouvelle génération de Marocaines: Maria Daïf. Elle a été longtemps rédactrice à l'hebdomadaire « Telquel ». Aujourd'hui, elle est rédactrice en chef du mensuel « Parade ».

J'ai dit initiatives culturelles, mais aussi projets communs de solidarité et de développement.

Dans ce cadre, avec nos amis de « Per a Pace », pour ce côté-ci de la Méditerranée, avec plusieurs associations marocaines, nous avons arrêté huit projets qui vont du Rif, au Nord du Maroc, jusqu'à l'extrême-sud du Sous, en passant par la région de Meknès, Marrakech et le Haut Atlas. Ces projets concernent aussi bien les enfants des rues, que l'école et la culture ou le domaine de la santé. A la fin du mois d'octobre, sont partis de Corse et d'ici, trois camions – 100m3 – de matériels divers que nous avons acheminés jusqu'au fond des villages à nos partenaires. Nous n'avons pas reçu beaucoup d'aides financières publiques. Par contre, il y a eu un véritable élan, aussi bien en Corse qu'ici, de la part de personnes d'horizons les plus divers et de toutes conditions. Au Maroc, nous avons été entourés partout d'un soutien, d'une disponibilité de tous les instants – discrète et efficace – et d'une fraternité que de simples mots ne peuvent traduire. Ce comportement n'a pas été seulement celui des associations marocaines partenaires, mais de toutes celles et tous ceux que nous avons rencontrés du Nord au Sud, dans les villes comme dans les villages.

Je tenais à apporter ce témoignage aujourd'hui, non seulement parce qu'il est une puissante raison de poursuivre ces projets avec nos amis marocains, mais parce que ce vécu a constitué le meilleurs démenti à tous les faux prophètes d'un soi-disant « choc des civilisations » et à tous ceux qui les relaient dans une opinion que certains voudraient décérébrée ou amnésique.
Outre ces projets, nous travaillons actuellement à la parution d'un numéro spécial de la revue « Recherches Internationales » consacrée au « Maroc et à la Tunisie, cinquante ans après les indépendances » qui devrait être publié en décembre.
En janvier, nous organisons avec la projection du film « Indigènes » et la rencontre avec certains de ses acteurs, une exposition autour du très beau livre « Ana, frères d'armes » réalisé par le Lycée Lyautey de la Misssion Française à Casablanca.
On pourra y découvrir le parcours et les sacrifices des troupes marocaines de l'armée française en 1914-1918, et pendant la Seconde Guerre Mondiale, notamment en Corse et en Provence. Oui, il fut un temps où la liberté venait du Sud et où elle eut un prix très élevé pour les troupes « indigènes ». En témoigne la Libération de la Corse en 1943: côté français; pertes les plus importantes: les Résistants 170 tués, Armée d'Afrique: 75 tués dont 41 Goumiers marocains.

Au-delà des péripéties lamentables qui depuis 1959 ont gelé les pensions des survivants et de la si tardive décision de rétablir l'égalité dans les pensions d'anciens combattants ayant servi sous le même drapeau, je crois qu'il est de notre devoir à tous de rappeler cette histoire et de la faire découvrir aux jeunes générations dans toute sa dimension humaine.

Je finirai par quelques phrases, gravées en lettres d'or sur la stèle du Col de Téghime qui domine Bastia.
Elles sont dédiées en français et en amazigh aux Goumiers marocains tombés lors de la Libération de la Corse.

« Remplis du souvenir d'une lumière unique
leurs yeux se sont fermés aux brumes
d'Occident.
Seigneur!
Permettez que les durs guerriers de Berbérie,
qui ont libéré nos foyers
et apporté à nos enfants le
réconfort de leur sourire
se tiennent contre nous, épaule contre épaule,
et qu'ils sachent
Ô Seigneur
qu'ils sachent combien nous les avons aimés. »  

 

Cette mémoire ne doit pas être effacée.
Car à sa façon, comme les oeuvres de Yamou, celles peintes ou écrites de Mahi Binebine, comme la voix de Maria, elle nous parle d'avenir.

 

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